Une première française : le suivi par satellite de la migration d'un jeune Balbuzard pêcheur.



 

Suivi par

satellite de la migration

d’un Balbuzard français


En juin 2006, un balbuzard natif de la forêt d’Orléans est équipé d’une balise Argos. Retour sur une opération inédite en France.

Suite à l’accord donné par le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable, une balise Argos est posée sur un balbuzard immature. François Baillon, ingénieur à l’Institut de Recherche pour le Développement (I.R.D.), qui conduit cette expérience avec l’appui du Groupe Pandion, espère ainsi améliorer la connaissance sur le comportement et l’écologie du balbuzard. Les interrogations qui subsistent sur l’émancipation, l’apprentissage de la pêche, le départ en migration et  l’écologie sur les quartiers d’hivernage, trouvent quelques réponses grâce à ce suivi. Grâce aux opérations de baguage qui ont lieu dans plusieurs pays d’Europe, certains aspects de la migration notamment sont déjà connus. On sait ainsi que les juvéniles stationnent généralement 2 à 3 ans sur les sites d’hivernage avant de tenter leur première reproduction en Europe.

La précision du matériel utilisé, une balise solaire Argos PTT 100 de 35 g équipé d’un système GPS, permet de connaître quotidiennement les activités de l’oiseau. On sait ainsi que l’oiseau s’est essayé pour la première fois à la pêche seulement deux jours après le premier envol, accompagnant son père. Malgré ces déplacements, près d’un mois après son premier vol, le juvénile consomme encore des proies amenées au nid par le mâle. Après avoir parcouru quelques km plein Est, où il fréquente pendant quelques jours un étang forestier, l’oiseau a vraiment commencé sa migration le 24 août, avant ses parents. Le 27 août, après avoir parcouru près de 300 km durant cette seule journée, il rejoint l’Espagne et passe la nuit auprès du Rio Cinca, en Aragon. Les jours suivants, la trajectoire sud-ouest, vers le détroit de Gibraltar, laisser présager le franchissement de la méditerranée. Contre toute attente, un changement de direction, difficile à expliquer, a lieu le 1 septembre. L’oiseau remonte vers le nord-est avant de franchir la frontière portugaise et d’atteindre les bords du Tage, où il a pu être photographié par un ornithologue portugais. Ce sera finalement le lieu d’hivernage choisi.

Bien sûr, il n’est pas possible d’extrapoler à l’ensemble de la population, les résultats de cet unique individu. Mais d’autres expériences de suivi satellitaire sont menées, notamment en Espagne dans le cadre d’un programme de réintroduction en Andalousie. Ces suivis démontrent la très grande endurance des balbuzards, capables de parcourir plusieurs centaines de kilomètre sans faire de halte. Le choix des sites d’hivernage reste cependant encore un mystère. Certaines populations de balbuzard, notamment celles du pourtour méditerranéen sont sédentaires tandis que d’autres hivernent en Afrique de l’ouest et d’autres encore stationnent un an au Portugal ou en Espagne avant de traverser le Sahara.

Fin mars, alors que les individus reproducteurs ont regagné leurs quartiers d’été, l’immature équipé reste fidèle au site. Peut-être attendra-t-il la migration d’automne pour traverser la méditerranée ? à moins qu’il ne choisisse un autre fleuve de la péninsule ibérique avant d’atteindre la maturité sexuelle ? La balise sera-t-elle encore en mesure de nous renseigner sur ses premiers ébats amoureux et le difficile apprentissage de la reproduction ?

 

François Baillon & Tom le jour du relâcher en juin 2006, forêt d'Orléans (45)

 


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